11ème édition des États Généraux des RIP

Le 29 mars 2022, les États Généraux des RIP ont mobilisé 186 participants (record historique de fréquentation). Ils ont permis d’attester de la progression rapide de la France sur l’indicateur européen « broadband », a fortiori sur la technologie fibre. Selon les analyses du FTTH Council Europe, la France est certainement amenée à devenir le pays le mieux connecté d’Europe en termes de débit disponible comme de couverture territoriale à l’horizon 2025. Et afin de lutter contre les éventuels déséquilibres dans certains territoires « non fibrables », le mix technologique est mobilisé (solutions radio et satellite) sont mobilisées et soutenues financièrement par subvention. 

Infranum et l’ARCEP constatent de concert qu’en 2021 le nombre d’abonnés fibre en France a dépassé le nombre d’abonnés ADSL. Une progression qui se confirme dans une Région Normandie qui vise une couverture de 100% des foyers fin 2025 et consacre 250 millions d’euros à une enveloppe de solidarité territoriale en soutien et complément des RIP locaux. Des RIP qui constituent le socle d’une politique régionale adossée au maillage territorial de 150 Espaces Publics Numériques et 53 tiers-lieux dédiés à l’appropriation des usages numériques.

Mais derrière ces bonnes nouvelles, l’inquiétude demeure quant à la qualité des réseaux déployés et leur pérennité. En effet, comme le signale le Calvados, certaines malfaçons et pratiques professionnelles issues sans doute d’une trop longue chaîne de sous-traitance sont inacceptables et mettent en péril le programme THD lui-même. Les opérateurs de RIP (Bouygues Telecom, Altitude Infra, XpFibre, Orange Concessions ou TDF…), conscients des difficultés, mettent en place des actions de formation renforcée, de contrôle et d’accompagnement de leurs sous-traitants (outils mobiles, check voisinage, mutualisation de soustraitants…), en s’appuyant notamment sur les référentiels et guide de bonnes pratiques mis en place par les associations de référence, Objectif Fibre et le Cercle Credo.

Des pratiques qui en s’améliorant, contribueront activement à la résilience des réseaux, sujet d’une large étude conduite par la Banque des Territoires et Infranum, étude visant à poser l’ensemble des questions permettant de garantir la tenue dans le temps des réseaux numériques désormais stratégiques : technique, évolution, maintenance, financements… Les réseaux sont devenus des infrastructures « vitales », un bien commun développé sur fonds publics et privés, garants de performance économique comme de souveraineté. Restent à les utiliser pleinement au bénéfice des territoires…

Après les grands déploiements, les actions plus fines autour de la donnée, de la souveraineté numérique effective et de la robustesse des réseaux prendra encore dix ans et coûtera, selon la Banque des Territoires entre 3 et 5 milliards d’euros… Sous réserve que le numérique soit pleinement appréhendé comme stratégique dans la stratégie de l’Etat et celles des territoires. La notion de « territoire intelligent » fait aujourd’hui plutôt consensus mais s’assortit immédiatement de la notion de « durables ». L’appel à projets piloté par la Banque des Territoires est en cours et de nombreuses réponses affluent, la volonté des RIP d’aider à structurer des territoires numériques est là, et le vocabulaire se précise derrière les notions de « data driven », de sécurité, de résilience et de souveraineté. Pour autant les collectivités peinent encore à intégrer leurs infrastructures numériques dans leur projet de territoire, qu’il s’agisse de services publics, comme de ressource aux entreprises ; un point de vigilance porté par Covage. Pour l’ADGCF, les directeurs généraux doivent s’emparer plus fortement du sujet et fournir aux élus la matière technique et les informations permettant aux élus d’élaborer des projets complexes mais efficients.